Kigali ou un modèle de ville durable en Afrique

Malgré l’histoire tragique du Rwanda liée à la guerre interethnique et raciale qui divisa le pays en deux camps, les Tutsu et les Hutu, provoquant un génocide sans précédent en 1994, Kigali semble aujourd’hui tourner définitivement le dos à cet événement douloureux pour offrir à ses citoyens une vie remplie de quiétude, et de bien-être et surtout d’harmonie sociale.

En quelques décennies, Kigali s’est transformée en une ville durable, urbaine, propre, moderne, et paisible. Selon les observateurs de la scène nationale et internationale, la mutation de Kigali fondée sur des projets de développement économiques innovants et durables l’aurait placée comme la « ville la plus propre d’Afrique » dont la stratégie de développement et d’urbanisation s’inscrit de plein fouet dans le respect des Objectifs de Développement Durable. La ville ambitionne également, à travers ses différents projets de développement, de favoriser une unité nationale forte pour la cohésion sociale de la capitale de Kigali. Avec cette allure charismatique de « ville propre », selon certains observateurs, Kigali a réussi à voler la vedette à Nairobi, capitale du Kenya, également connue pour sa propreté.

Ainsi, il me tarde de vous montrer comment ce changement s’est-il opéré  dans la capitale rwandaise?

 

Kigali, la ville qui met la propreté aussi haute que ses collines

 

            Pour réussir cette transformation radicale de la capitale sur le plan économique, et social, les autorités gouvernementales ont mis en place un modèle de gouvernance participatif, promoteur d’une harmonie sociale, et mettant au cœur du changement et de la stratégie les 1 millions d’habitants de la ville de Kigali. La stratégie a également pu fonctionner grâce à des mesures disciplinaires parfois coercitives vis-à-vis des populations dont la participation aux actions de développement de la ville est obligatoire à défaut de sanctions financières. C’est d’ailleurs pour cette raison que Kigali est nommée la « Suisse de l’Afrique ».

Ainsi, concernant la gestion des déchets, la ville est intraitable là-dessus car elle a mis en place un système de nettoyage mensuel auquel les habitants de plus de 16 ans prennent obligatoirement part. Sous le signe d’activités éco-citoyennes, la ville invite les personnes résidant dans un périmètre géographique donné à se réunir tous les derniers samedis du mois de 8h à 12H pour participer aux travaux communautaires : débroussaillement, nettoyage des rues et des canalisations, et creusée pour la récupération d’eau de pluies. Cette journée de nettoyage est appelée « Umuganda ». L’absence non justifiée à ces travaux communautaires est soumise à une peine d’amende de 5000 francs rwandais soient 8 dollars. La supervision et le suivi de ces travaux communautaires sont assurés par « le plus petit degré de l’administration, c’est-à-dire le village qui représente un ensemble de 10 maisons aussi bien en ville qu’à la campagne » (www.latribune.fr)

La propreté de la ville réside également dans la capacité à offrir un cadre de vie sain aux populations, qui se traduit par l’aspiration à un environnement de qualité et à un air pur. Ce qui passe ainsi par la mise en place d’une stratégie de réduction de l’émission des Gaz à Effet de Serres. De ce fait, depuis 2016 (www.francetvinfo.fr), la ville de Kigali s’est lancée dans une dynamique de réglementation de la pollution liée aux transports en organisant mensuellement une journée sans voiture à l’aune des autres capitales européennes comme Paris qui ont pu l’expérimenter. Cette mesure de limitation du trafic routier, comme vous le savez sans doute, permet de répondre efficacement aux enjeux liés au changement climatique, et par la même occasion, favoriser la préservation de l’environnement et la santé des populations.

De surcroit, a été instaurée une interdiction permanente aux voitures de circuler dans le centre de Kigali devenu une zone piétonne pour privilégier les activités physiques en centre ville appréciées de plus en plus par les populations (www.francetvinfo.fr).

Rappelons aussi que depuis 2008, l’usage des sacs plastiques est strictement interdit au profit des sacs biodégradables. Ce qui encore une fois représente une avancée notable de la ville de Kigali en matière de préservation de l’environnement.

Grâce à cette stratégie d’assainissement, de gestion des déchets et de réduction de l’émission carbone, la ville de Kigali a su se bâtir l’image d’une ville qui prend en main son développement dans une logique de durabilité.  

 

Une ville durable et moderne qui fait rêver

 

Si aujourd’hui on en arrive à un point où la ville de Kigali fait parler d’elle par sa beauté et la propreté de ses rues, de ses quartiers et de ses routes bitumées, cela tient également en grande partie à sa politique d’urbanisation qui prend en compte à la fois la volonté de modernisation et l’exigence d’un développement durable. C’est à cette urbanisation intelligemment durable que la ville doit aujourd’hui ses gratte-ciels et ses immeubles construits d’une façon intelligente c’est-à-dire qui respecte l’environnement et les hommes. Par exemple, au nom de la protection du patrimoine culturel et naturel de Kigali, les plans d’urbanisation interdisent le déboisement des collines de même que la construction de bâtiments dans cette zone hautement protégée. La ville a procédé à une identification des endroits constructibles afin de réglementer et d’assurer une cohérence d’ensemble et une discipline rigoureuse dans la façon dont poussent ces gigantesques buildings, centres commerciaux et quartiers résidentiels dans la capitale hypermoderne de Kigali.

Dans une optique de promotion de la paix et d’une unification harmonieuse du territoire, les infrastructures sanitaires sont installées de façon à être accessibles facilement aux différentes couches sociales, de même que les infrastructures routières qui favorisent la mobilité des populations et la communication entre les quartiers défavorisés et les quartiers aisés.

Avec tous ces projets de développement ambitieux, novateurs et durables, on constate une ruée des investisseurs vers la capitale rwandaise devenue attractive et prometteuse pour l’avenir, accompagnée d’un développement assez important du tourisme.

Tous ces efforts sont récompensés par des titres honorifiques délivrés par des institutions internationales comme l’ONU Habitat qui en 2008, selon www.classeinternationale.com, reconnait Kigali comme « meilleure capitale mondiale ». Ce titre s’inscrit dans une logique d’encourager et de récompenser les actions d’urbanisation durable développées par la ville.

Dans ce sens, d’après la même source, Kigali a eu l’honneur de participer au programme « villes résilientes » organisé par la Fondation Rockfeller afin de permettre  aux villes choisies d’apporter des réponses efficientes et viables aux enjeux d’urbanisation, d’assainissement, de santé publique…

In fine, même si certains observateurs dénoncent la « main de fer » avec laquelle les actions sont menées pour inciter les populations à participer sous peine de mesures coercitives aux projets de la ville, il faut reconnaitre à juste titre la volonté particulièrement déterminante et l’ambition sans demi-mesure de développer remarquablement Kigali, accompagnées d’une discipline sans faille. Une chose est sûre, Kigali représente un modèle à suivre pour les pays africains.  Je suis convaincue qu’avec la même discipline, la même détermination et surtout le même degré d’ambition, les autres capitales africaines peuvent réussir ce pari d’un développement durable basé sur une équité, une éthique sociale et une viabilité faisant dialoguer tour à tour l’économie, le social et l’environnement.

 

 

«  La volonté guide notre ambition » NAK

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